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Colibri et Tintamarre
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27 octobre 2007

Voie royale vers la république, le roman des tricheurs

paon_blogIl fut une période, pas si lointaine, où il était de bon ton de dire que les sciences politiques ne menaient plus à rien. Ce qu'il fallait à la France, c'était des ingénieurs, des scientifiques. Il semblerait que le vent ait tourné. La France manque toujours d'ingénieurs et de scientifiques (car en France les sciences servent à sélectionner, pas à faire des sciences) mais il est des milieux ou "avoir fait sciences po" semble à nouveau déterminant. Pas pour les compétences, ni les connaissances qu'on y acquiert, comme me l'a avoué sans ciller un employeur potentiel (non mais quelle idée!), mais pour la carte de visite et le "réseau" (ce que l'on appelait au début du moyen-âge de l'ère de la communication le piston)
Attention cependant, car il y a sciences po et sciences po : certains IEP (instituts d'études politiques) sont plus égaux que d'autres. Ainsi, il existe un Institut d'Etudes Politiques (Sciences Po Paris) qu'il est de bon ton d'avoir fréquenté lorsqu'on aspire à être ministre. Il semblerait même que plusieurs personnalités du gouvernement, parfaitement avisées de la suprématie du diplôme parisien sur le plan du prestige par rapport à ses équivalents provinciaux, ne se soient pas gênées pour, au choix, s'octroyer sur leur CV un titre qu'ils n'avaient pas reçu (car n'ayant pas été au bout du cursus, y ayant juste suivi des formations, voire n'ayant pas été reçu à l'examen final, ce qui n'est en soi pas déshonorant vu la difficulté de celui-ci) ou se permettre certaine licence géographique pour transformer en sésame un diplôme acquis "honteusement"  dans quelque province certainement arriérée du sud de la France, ou pire encore dans une vague université parisienne ouverte au commun des mortels.
Faut-il en rire, en pleurer, ou s'énerver?
Les trois, mon capitaine. Parce que l'époque est trop démoralisante pour ne pas saisir la moindre occasion qui nous est donnée de  faire fonctionner nos zygomatiques. Parce que pleurer, comme rire, c'est le propre de l'homme, et qu'il faut essayer de rester humain quand tout tend à faire de nous des statistiques. S'énerver,  parce que comme l'a admirablement dit récemment Doris Lessing, prix Nobel de littérature, ni les choses ni les gens ne sont immuables et ce qui paraît ne devoir jamais changer changera pourtant pour peu qu'on s'y attelle. A l'échelle d'une année ou d'une décennie,  c'est difficile à percevoir et c'est ce qui rend les luttes difficiles, mais à l'échelle d'une vie c'est incontestable.

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