Rehab
Je sais Laurence, ça paraît incroyable comme ça. Je sais que vous pensez que vous n'y arriverez jamais. Mais c'est pareil pour tous les toxicomanes, tous, vous m'entendez. L'addiction, c'est la même chose pour tout le monde. Et puis, un jour, on n'en peut plus. Stop! On veut arrêter de tourner en rond, de croire à ces trucs qu'on répète machinalement comme des formules magiques, juste pour se rassurer. C'est là que la vraie vie commence vraiment, débarrassée de toutes ces casseroles inutiles. C'est là que soudain s'ouvrent de nouveaux horizons, jusqu'alors cachés derrière le rideau de notre conscience. Comment être sûr qu'on est vraiment prêt?
C'est très simple : notre inconscient est au courant avant nous. Normal, c'est son boulot d'inconscient. Et donc de temps en temps, il nous envoie un petit signal. C'est comme ça qu'on se retrouve un matin sur France-Inter à dire plein de choses gentilles sur Joseph Stiglitz devant un Nicolas Demorand interloqué par ces paroles aussi involontaires qu'inattendues. Ce n'est qu'un début bien sûr et le chemin est encore long et tortueux jusqu'à la guérison. Mais celle-ci est inéluctable à terme, en dépit des rechutes inévitables (lesquelles doivent être considérées comme de simples accidents de parcours et non comme des échecs susceptibles d'invalider le succès final de l'entreprise).
Pardon, ne pleurez pas, je n'aurais pas du employer ce mot. Ou plutôt si pleurez, c'est aussi ça, être humain. Laissez-vous aller, il faut que ça sorte. Allez, y'a du boulot, mais on y arrivera, j'en suis persuadée.
Pour vous aider un peu pendant cette période difficile, je vous prescris un petit Patrick Viveret "Pourquoi ça ne va pas plus mal".
En général, il est bien toléré. Tenez, prenez-en un tout de suite, ça vous fera du bien:
"C'est donc à une véritable entreprise de désintoxication qu'il faut nous atteler, et, comme toute entreprise de ce genre, elle n'est possible que si un mieux-vivre est possible. C'est pourquoi l'art de vivre, la capacité à surmonter la peur et le développement de logiques de coopération constituent les axes majeurs d'un projet politique pour le siècle, un projet qui prendra la forme d'une vision et d'une stratégie positives de la mondialité."
Si toutefois ça ne suffisait pas, je vous prescrirais un peu de Bernard Maris, n'hésitez pas à rappeler. Mais non, ne vous affolez pas, c'est bien moins douloureux qu'on ne le pense en général.
Tenez, ça vous fait quelque chose quand je fais ça? "Tout dépend du contenu de la croissance. Non seulement les adversaires de la croissance ne sont pas les ennemis du développement, mais ils sont sans doute les meilleurs défenseurs de la civilisation, l'autre nom du développement. La croissance économique, en revanche, relève de l'illimité, de l'avancée sans fin, de l'impossible. Elle est un rêve infantile : l'enfant cesse d'en être un lorsqu'il apprend à renoncer au giron maternel et qu'il entre dans le monde fini du possible. Le capitalisme est bien une régression infantile".
Vous voyez, ça passe comme une lettre à la poste.
Non, non, vous ne me devez rien, vous pouvez y aller.
Mais attention, hein, pas de grosse bêtise, promis? Pas de mélange avec du Jean-Marc Sylvestre surtout, ça risquerait de potentialiser les effets...Allez, tout va bien se passer. A la prochaine fois.
ordonnance : Maris Bernard, Antimanuel d'économie 2. les cigales + Vue de l'ile d'Arz un jour d'été (à contempler aussi souvent que nécessaire)